programmation culturelle

Conférence/Performance “The Glowing Part of Yourself”

"The Glowing Part of Yourself" est un projet de film de Diego Thielemans, en partenariat avec l'Atelier Graphoui et La Fonderie. C'est un récit sur la ville, l'eau, les végétaux et les images d'archives, avec une bande son de Valérie Leclercq. La sortie du film est prévue en 2027, mais le mardi 10 juin 2025, Savinien Peeters, Valérie Leclercq et Diego Thielemans présenteront le projet sous la forme d'une conférence/performance. Une soirée comme une halte dans le processus créatif pour partager les documents découverts, projeter les premières images, raconter les prochaines étapes, échanger.  

Bruxelles est un marais. Au 13e siècle, c’était un hameau perdu dans le fond humide de la vallée de la Senne. Entretemps, les rivières ont été canalisées puis voûtées, les plaines inondables asséchées pour la culture et puis pour l’habitat, la ville de béton a fini par occuper tout l’espace. Pourtant, le marais est toujours là. La preuve ? Les caves et les chantiers régulièrement inondés. Et la végétation, très spécifique aux zones humides des climats tempérés, qui se développe dès qu’on lui en laisse le temps, dans les zones oubliées, en friche. Le Marais Wiels en est le lieu d’une démonstration vibrante et un modèle pour réfléchir aux relations entre l’eau et la ville. 

Ancien chantier inondé puis abandonné pendant des années, ce lieu accueille maintenant une biodiversité animale et végétale remarquable à l’échelle régionale. Il accueille aussi des habitants humains qui y ont fabriqué des cabanes de fortune, ainsi que des graffeur·euses, des dealers, des potagers collectifs, des abeilles, des ruches et leurs humains, des dépôts d’ordures clandestins, des familles en promenade, des naturalistes, des militant·es. Toutes des entités et des pratiques qui ne trouvent pas ou peu de place légitime dans le tissu urbain viennent là s’épancher. Ceci renvoie à un troisième attribut des marécages – après l’omniprésence de l’eau et d’un écosystème adapté – un lieu où le contrôle social se relâche, se dissout, s’enlise. 

Dans tout Bruxelles, la force de la ville et la force de l’eau se confrontent et se conjuguent en de multiples configurations. La zone humide contaminée par la ville devient parc d’agrément avec ses étangs décoratifs, qui n’en révèlent pas moins le tracé des anciennes rivières aujourd’hui invisibles. La ville, colonisée par la végétation, laisse passer l’eau dans les anfractuosités du béton. L’expérience urbaine elle-même contredit les définitions rigides, avec ses multiples échanges et fluidités. 

Dans leur ouvrage Rendre l’eau à la terre, paru en 2024, Suzanne Husky et Baptiste Morizot opposent à la vision « fluxiste » de l’eau une vision inspirée par les castors. D’un côté l’eau est canalisée, entubée, séparée de son environnement, de l’autre l’eau est ralentie, épanchée et toujours redistribuée à l’ensemble du paysage pour le bénéfice de tous. Ce serait aussi deux manières de se rapporter aux vivants et, avec plus d’audace, de faire société. Bruxelles est un marais devient ainsi un point de départ spéculatif pour penser la ville comme un écosystème boueux et foisonnant et pour faire émerger des possibles politiques. 

Le centre de documentation de La Fonderie conserve un très grand nombre d’images qui ont trait aux relations multiples qu’entretiennent l’eau et la ville. L’histoire de Bruxelles s’y déploie à travers des images de la Senne, des canaux de Willebroeck et de Charleroi, de ses étangs, de son réseau de distribution des eaux, pour ne citer que quelques exemples. La fourchette historique est large avec une prédominance d’images qui datent du 19e au 20e siècle. Il s’agit de gravures de presse, de dessins techniques, de caricatures, de photographies documentaires. Avec l’aide des archivistes du centre de documentation, Savinien Peeters, Marie-Jo Hernandez et Lætitia Makamisile Lokasa, près de 1000 images ont déjà été sélectionnées, mettant en présence l’eau et ses usagers humains et non-humains, de manière parfois évidente, parfois seulement indicielle.. La complexité foisonnante qui émerge de cet ensemble nous plonge dans le marécage bruxellois et nous donne le matériau d’une histoire à venir. 

En partant du Marais Wiels comme modèle à penser une autre manière de faire ville et en se basant sur les images d’archives et sur l’histoire de la construction de Bruxelles, le film The Glowing Part of Yourself se donne pour ambition de raconter une histoire liquide de la ville, d’en explorer les eaux troubles et de la penser en écosystème boueux qui rassemble la plus grande variété possible d’espèces vivantes, humaines et non-humaines. 

 

Biblio-filmographie 

 

  • Baptiste MORIZOT et Suzanne HUSKY, Rendre l’eau à la terre. Alliances dans les rivières face au chaos climatique, Actes Sud, Paris, 2024, 352 p. 
  • Benjamin HENNOT, La Bataille de l’Eau Noire, Belgique, 2015, 73’ 
  • Chloé DELIGNE, Bruxelles et sa rivière. Genèse d’un territoire urbain (12e – 18e siècle), Brepols, Turnhout, 2003, 260 p. 
  • Isao TAKAHATA, L’Histoire des canaux de Yanagawa, Japon, 1987, 167’ 
  • Michael TAUSSIG, PALMA AFRICANA, B42, Montreuil, 2021, 180 p. 
  • Rose LOWDER, Bouquets 31-40, France-Italie, 2014-22, 16mm, 10’34” 
  • Stan BRAKHAGE, Mothlight, États-Unis, 1963, 4’ 

 

 

 

    date(s) et heure(s)
  • 10 juin 2025 18h30

date de début
10/06/2025

lieu de rendez-vous
La Fonderie
rue Ransfort 27
1080 Bruxelles

tarif(s) - prix
Gratuit

contact
La Fonderie
reservation@lafonderie.be – 02 410 99 50