cartes blanches

piss & love

En écho à l’exposition Oh ! Ça ne coule pas de source, le projet “Piss and Love” vient se nicher dans un « petit coin » de La Fonderie et approche la question des toilettes publiques dans l’espace urbain bruxellois, en mêlant photographie et art plastique, intrigue et revendication.

Au travers de connivences visuelles, l’exposition convoque chez les visiteurs des sentiments multiples où se mêlent étonnement, expériences vécues, curiosité et questionnements. Elle interroge la façon dont une ville conçoit et gère l’accès aux toilettes publiques, un service essentiel à la collectivité dont personne ne devrait être écarté. La politique d’une ville en matière d’accès aux toilettes n’est-elle pas un révélateur de la façon dont elle « fait société » ?

Un photographe et une Madame Pipi…

Pour ses photographies, Patrice Niset part à la rencontre d’hommes et de femmes au travail, entre dans leur univers, s’approche au plus près de leur geste, de l’objet qu’ils travaillent. Il capte les corps investis, la concentration au moment de façonner, les attentions et les mouvements mille fois répétés et affinés au cours du temps. Ce faisant, le photographe établit un état des lieux du monde du travail manuel actuel où les acteurs font corps avec leur passion.

Par extension, la vie de la cité s’est imposée au photographe comme un prolongement logique de son travail. Son œil capte tout ce qui fait fonctionner le métabolisme de la ville. L’accès aux lieux d’aisance publics en est partie intégrante. Patrice se lance donc dans un inventaire photographique des urinoirs publics, parfois bien cachés, de la capitale.

Cristina Cerqueira est née au Portugal sous la dictature de Salazar. Dans son lycée, elle lisait les slogans antifascistes écrits sur les murs et les portes des toilettes. Là d’où elle vient, les toilettes étaient des lieux de résistance.

Bien plus tard, Cristina devient « madame pipi » pour le Beursschouwburg, un club avant-gardiste bruxellois. Elle se souvient que les WC sont des lieux qui invitent à la libre expression. Sortir les mots des toilettes pour les libérer devient une évidence. La table habituellement occupée par la modeste coupelle destinée aux oboles voit débarquer un arsenal créatif fait de carnets, crayons, matériels de découpe et de collage. Cristina transforme un service habituellement monnayé en un échange humain. Des moments inattendus, des fêtes non programmées s’invitent dans les toilettes entretenues par Cristina qui deviennent un lieu à part dans la nuit bruxelloise. Aujourd’hui ce sont près de 200 carnets qui renferment les petits trésors de Cristina.

Une rencontre, un projet…

Plongé dans son inventaire des toilettes publiques, mais fidèle à son intérêt pour le travail, Patrice approche des « madames pipi ». Son chemin croise celui de Cristina. De cette rencontre jaillit un projet commun, beau et utile : mettre en dialogue les photos de Patrice et les carnets de Cristina, offrir un double regard sur une réalité à laquelle nul n’échappe.

… et un graffeur

Danger Dan est passionné par la démarche de Cristina depuis plusieurs années et travaille à ses côtés pour la mise en valeur de sa collection. Il a contribué à la direction artistique et à la signalétique de l’expo Piss and Love à La Fonderie.

date de début
26/03/2022

date de fin
26/06/2022

lieu de rendez-vous
La Fonderie, musée bruxellois des industries et du travail
27 rue ransfort, 1080 Molenbeek-saint-Jean

remarques
Inauguration de l'exposition carte blanche "Piss & Love" le vendredi 25 mars à 18h30.
Public bienvenu sans réservation !