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D’où vient l’eau qui coule du robinet des Bruxellois(e)s ? 

66 millions de m³ d’eau sont consommés chaque année en Région de Bruxelles-Capitale. Deux tiers de cette eau sont utilisés par les ménages. En moyenne, un(e) Bruxellois(e) consomme environ 98 litres d’eau par jour. Mais d’où vient toute cette eau ? 

À première vue, il ne manque pas d’eau à Bruxelles.
Crachins, averses et grosses draches nous font régulièrement nous hâter dans les rues de Bruxelles. Sur le petit territoire de la région, il pleut d’ailleurs plus au sud-est, près de la forêt et davantage en « altitude » qu’au nord. L’eau est aussi visible dans le canal, les tronçons de cours d’eau à ciel ouvert ou les plans d’eau des espaces verts. Elle émerge également de sources souvent discrètes et méconnues. 

Beaucoup d’eau se cache également à Bruxelles. Une grande partie des cours d’eau a été voûtée, totalement ou partiellement, et passe aujourd’hui dans les égouts. L’eau s’accumule aussi dans des nappes phréatiques plus ou moins profondément sous nos pieds. Enfin, n’oublions pas l’eau « atmosphérique » qui s’évapore sous le soleil ou par transpiration des végétaux. 

Bruxelles n’est donc pas pauvre en eau. Et pourtant… seuls 3% de l’eau potable consommée dans la capitale y sont produits : cette eau est captée, depuis 1875, dans des nappes situées en Forêt de Soignes et au Bois de la Cambre.

Inauguration des galeries de drainage sous la Forêt de Soignes, gravure parue dans Le Monde illustré, 1879
Inauguration des galeries de drainage sous la Forêt de Soignes, gravure parue dans Le Monde illustré, 1879. La Fonderie – fonds VIVAQUA

Mais alors, d’où viennent les autres 97 % d’eau potable consommée à Bruxelles ? 

Jusqu’au 19e siècle, l’eau des Bruxellois était « locale » (puits, fontaines, sources, premiers réseaux d’approvisionnement réservés aux élites…) et la plupart des Bruxellois vivaient sans eau à domicile. Au milieu du 19e siècle, pour faire face à la croissance démographique et aux préoccupations hygiénistes grandissantes, la Ville décide de chercher de nouvelles ressources en eau. C’est le début de travaux colossaux pour la mise en œuvre d’infrastructures d’approvisionnement qui puissent assurer aux habitants la fourniture d’une eau en quantité et en qualité suffisantes.

C’est naturellement vers la Wallonie que les autorités se tournent. Enjeux politiques, prouesses techniques et découvertes scientifiques émaillent la mise en place progressive de ce réseau d’approvisionnement qui démarre, en 1855, avec le captage des sources du Hain à Braine-l’Alleud. Un aqueduc (toujours existant et en fonction jusque 1972) amène l’eau par gravité jusqu’à un réservoir à Ixelles, d’où repartent des canalisations qui quadrillent les rues.

Construction du réservoir de Boitsfort.
Construction du réservoir de Boitsfort. Archives photographiques Vivaqua

En 1891, la première compagnie intercommunale de Belgique, la CIE (aujourd’hui VIVAQUA), est créée. Elle ira chercher l’eau potable à 80 km de Bruxelles dans les vallées du Bocq près de Dinant et du Hoyoux près de Huy. Au 20e siècle, elle développe son réseau pour trouver toujours plus d’eau, dans des lieux de plus en plus nombreux, pour des usages et des habitants de plus en plus « aquavores » : eaux puisées dans les mines désaffectées de Vedrin (Namur), captages dans la région de Mons (Nimy, Havré), eaux des carrières désaffectées des régions de Fleurus et d’Écaussinnes…, mais également eaux de surface, essentiellement pompées dans la Meuse et potabilisées à l’usine de Tailfer entre Namur et Dinant.

Des ouvriers aménageant la galerie d'adduction au fond de la mine de Vedrin
Des ouvriers aménageant la galerie d’adduction au fond de la mine de Vedrin, 1962 Archives photographiques VIVAQUA

Ce sont donc des eaux lointaines et d’origines diverses qui abreuvent Bruxelles. Une fois captées, elles sont acheminées vers la ville via des canalisations (500 kilomètres d’installation pour l’adduction vers Bruxelles). Elles sont ensuite stockées et mélangées dans des réservoirs (Rhode-Saint-Genèse, Boitsfort, Uccle…) avant d’être envoyées dans les conduites du réseau de distribution (2000 kilomètres de canalisations sous les rues)… et d’entrer dans nos maisons.

Pose d'un siphon sous une bretelle d'autoroute à Braine-l'Alleud (sur le collecteur de Callois vers Uccle)
Pose d’un siphon sous une bretelle d’autoroute à Braine-l’Alleud (sur le collecteur de Callois vers Uccle), Archives photographiques VIVAQUA

Pour en savoir plus, venez voir l’exposition Oh ! Ca ne coule pas de source à La Fonderie jusqu’en juin 2026…
Cette exposition est le fruit d’un partenariat entre La Fonderie – Musée bruxellois des industries et du travail –, le Laboratoire interdisciplinaire en Études urbaines de l’Université Libre de Bruxelles et VIVAQUA qui y participe dans le cadre de ses 130 ans.